vendredi 20 janvier 2012

Conventions et éthique toujours

youtube.com/watch?v=ta-bOmMCOvE

Il paraît que cette vidéo est issue d'un travail de thèse [!!!]. Il s'agit d'une "étude" (bien grand mot...) sociologique sur les grimpeurs pour exposer la complexité des règles du bloc en naturel, moins simples que celles d'un 100m plat, et les prises de tête qui en résultent.

L'éthique en grimpe est amalgamée avec les questions environnementales (magnésie par exemple) alors qu'elle n'a rien à voir avec le respect du milieu naturel, dont les grimpeurs se foutent royalement tant qu'on ne fait pas caca au pied de leur caillou. Grimper dans un cadre idyllique, c'est évidemment plus agréable, mais ce n'est pas ce qui va induire des comportements respectueux.

L'éthique en grimpe, ce sont les règles non écrites (et évolutives dans le temps) qui permettent l'homologation d'une performance auprès des pairs, performance qui amène à la reconnaissance et par conséquent à l'épanouissement de l'individu par la distinction qu'il acquiert au sein du groupe.

On comprend alors aisément ce qui va provoquer la sensibilité d'un sujet plutôt qu'un autre, à savoir toute ascension biaisée par un départ tronqué ou une prise taillée, bien plus "grave" pour la communauté que couper un arbre pour rendre un bloc praticable.

L'individualisation croissante de la société, l'augmentation de la population, l'uniformité et la morosité de nos modes de vie sont autant de freins à l'épanouissement. Dans ce contexte toute usurpation de performance est très mal vécue car perçue comme un vol de reconnaissance au détriment de ceux qui s'entraînent comme des fous - avec blessures et frustrations permanentes -.

La grimpe de haut niveau en milieu naturel c'est pareil que la compète, sans la contrainte de devoir être disponible et au top niveau le jour j, et avec la possibilité de choisir le passage le plus dur qui soit dans notre style de prédilection pour un retour sur investissement maximal. En prime, la cotation doit être conviviale pour faciliter la réussite, mais pas trop non plus, pour ne pas que l'ascension perde tout son crédit.

Ajoutons que certains grimpeurs gagnent leur vie sur des performances hors compète, comme Dave Graham au coeur de la vidéo susnommée. La tentation devient grande de contourner les règles quand on sent qu'on risque de perdre un contrat de sponsoring au profit d'un jeune mutant qu'on a soi-même été.

Tout compte fait cela mérite peut-être bien une thèse...

lundi 16 janvier 2012

The Wizard Apprentice

Sortie le 12/01/2011

Un film qu'on attendait depuis tellement longtemps qu'il était impossible de ne pas se le procurer dans l'immédiat.
Au bilan, un avis contrasté.


Les grincheux diront que cela manque de rythme, que la plupart des images de grimpe ont été déjà vues alors qu'on s'attendait à davantage d'inédits, qu'il n'y a pas assez de voies et blocs gravis pour justifier une vidéo aussi longue et coûteuse quand on voit la qualité des productions gratuites qu'on trouve aujourd'hui. Les images sont déjà assez anciennes, de ce fait la vidéo manque cruellement d'images plus récentes sachant qu'Ondra a depuis continué à exploser les standards.


Les optimistes diront que le montage est bien réalisé, l'image et le montage soignés, les prises de vue souvent nombreuses sur un même passage. Il est en effet fréquent que les vidéos de voies soient soporifiques, ce qui n'est pas le cas ici. Certaines images ne sont certes pas inédites, mais présentées différemment de ce qu'on a déjà vu, et agrémentées de commentaires et d'interviews.


Ici l'échec tient lieu de philosophie. Ondra ronge son os jusqu'à la fin, s'arrache les doigts, réalise des tentatives dans des conditions où on ne mettrait pas un chat dehors, passe son temps sur les routes pour aller essayer les voies de référence loin de chez lui où retourner où il a subi un échec la fois précédente, pour trouver la paroi détrempée... C'est un acharné, mais avant tout un être humain relativement attachant.

C'est un gamin très bien entouré par des parents prêts à tous les sacrifices, tout comme le réalisateur qui a dû rester des heures durant pendu au bout d'une corde statique pour ne parfois filmer que des embryons d'essais. On sait qu'Ondra a grimpé très fort très jeune, mais ce n'est pas un singe savant. Dès le plus jeune âge il était dans son élément sur le rocher, l'air tellement épanoui qu'on peut difficilement croire qu'il était astreint aux entraînements qu'il s'affligeait.


C'est un documentaire davantage qu'un film, l'objectif n'est pas d'en jeter plein les yeux de A à Z comme dans un spot publicitaire. C'est l'initiation d'un "apprenti sorcier", en attendant la suite des aventures lorsque l'élève, volant de ses propres ailes, brise de nouvelles barrières dans la haute difficulté.